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Au fil des questions au programme d'histoire-géographie des classes de lycée. Des commentaires, exercices, rappels, ...

jeudi 22 septembre 2011

L'Europe au lendemain de la Seconde Guerre mondiale

L'Europe sort profondément bouleversée de la Seconde Guerre mondiale et ce, à tous les niveaux : économique ( l'Europe est un champ de ruines), humain ( 35 millions de morts), moral ( 10 millions d'individus sont morts dans les camps - camps de concentration, d'extermination -, parmi lesquels 6 millions de Juifs victimes de la Shoah), diplomatique ( c'est à New York et non dans une capitale européenne que seront installés les sièges des nouvelles institutions mondiales comme l'ONU)... 
Ce bouleversement se traduit aussi sur le territoire européen. 
D'où l'intérêt de connaître la carte de l'Europe telle qu'elle sort de la Guerre, carte qui peut faire l'objet d'une épreuve de document mineure au baccalauréat (Terminale, séries L, ES, S, session 2012). 


Questions :
1. A quel contexte correspond ce document ?
2. Quel est le sort de l'Allemagne et de l'Autriche en 1945 ?
3. Quelle place nouvelle tient l'Union soviétique en Europe et quelles en sont les conséquences ?
4. Quel est le rôle des deux grands événements mentionnés sur la carte dans la préparation de l'avenir de l'Europe ?

De manière traditionnelle, la première question invite à présenter le document ( nature, objet) en insistant sur le contexte de l'année 1945. La question est délicate car il s'agit ici de ne pas empiéter sur la lecture et l'analyse du document auxquelles invitent les questions suivantes. Il faut donc rappeler que l'année 1945 est marquée par la capitulation allemande, obtenue par la Grande Alliance dont les troupes ont progressé d'ouest en est ( pour les troupes américaines et anglaises), d'est en ouest pour les troupes soviétiques. On peut remonter un peu en avant dans la chronologie et évoquer l'ouverture d'un deuxième front en 1944 - qui a permis cette double progression prenant l'Allemagne en tenaille -, éventuellement dater les débarquements. 
La situation de l'Allemagne et de l'Autriche apparaît nettement : elles sont l'objet d'une occupation quadripartite. Il faut dire quelles sont les puissances occupantes, évoquer le statut de Berlin et de Vienne, et surtout indiquer quelles conférences ont décidé de ce démembrement (Téhéran) et de cette occupation (Yalta. Attention à ne pas insister sur Yalta qui fait l'objet d'une question ultérieure) et quelles autres décisions ont été prises pour l'Allemagne ( les 3D de Postdam). La carte mentionne aussi les pertes territoriales. Celles de l'Allemagne sont manifestes dès lors que l'on compare les frontières de 1945 à celles de 1937. Ces pertes territoriales allemandes profitent essentiellement à la Pologne, dont l'accès à la mer est considérablement augmenté. Cette avancée de la Pologne vers l'ouest est souligné par la mention de la ligne Oderneisse qui marque sa frontière occidentale avec l'Allemagne. 
L'Union soviétique tient une place nouvelle en Europe : l'expression est à prendre au premier degré puisque, de fait, l'URSS occupe beaucoup plus de place sur le territoire européen du fait de son glissement vers l'ouest. La frontière soviétique a ainsi été décalée de 200 km vers l'ouest. On parle de territorial power. Il faut distinguer nettement les territoires annexés par l'URSS - qui apparaissent en tant que tels sur la carte - comme les pays baltes, mais aussi la Biélorussie, des territoires libérés ET occupés par l'Armée rouge, qui ne font pas l'objet d'une mention spécifique sur la carte : Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie, Roumanie, Bulgarie. Les territoires annexés perdent toute souveraineté et sont englobés dans l'URSS - dont ils forment de nouvelles républiques. Les territoires occupés sont théoriquement souverains. Mais le glissement du centre de gravité de l'URSS vers l'ouest en fait des avant-postes de l'URSS, des têtes de pont qui peuvent autoriser la progression du modèle communiste ou, pour le moins, servir à freiner l'influence éventuelle des Alliés de l'ouest. 
La dernière question est une question de cours - qui prend le document comme prétexte. Yalta et Nuremberg sont indiqués sur la carte. Il faut donc rappeler le contexte, les acteurs, les enjeux de chacune de ces conférences. Pour Yalta, ne pas oublier que le communiqué final comporte une déclaration sur l'Europe libérée, par laquelle les 3 grands s'engagent à oeuvrer ensemble pour l'instauration de régimes démocratiques dans les territoires qu'ils auront libérés. Pour Nuremberg, insister sur l'enjeu : le jugement international des plus hauts dignitaires nazis, considérés comme responsables de la tragédie européenne. 

Les sujets du bac en histoire et géographie

Pour les séries L et ES, les sujets tombés en histoire et en géographie depuis 5 ans ont été classiques, larges - les sujets de composition portent le plus souvent sur des périodes conséquentes - , et, parfois un peu répétitifs ( la Russie ou l'Asie orientale ont été l'objet de sujets de manière répétée).










2011
Epreuve majeure
Composition 1 : Economie, société et culture en France depuis la fin des années 1950.
Composition 2 : La construction européenne de 1945 à nos jours (étapes, enjeux, limites)
Étude de documents : Comment se termine la guerre froide ?

Epreuve mineure
Croquis 1: Les contrastes spatiaux du développement du Brésil
Croquis 2: L’Asie orientale, aire de puissance: organisation de l’espace



2010 : 

Epreuve majeure
Composition 1 : Le Tiers Monde : indépendances et tentatives d'organisation (1945-fin des années 1980)
Composition 2 : Les démocraties populaires et leurs évolutions (1948-1989)
Étude de documents : Comment ont évolué les mémoires de la seconde Guerre mondiale en France depuis 1945?
Epreuve mineure
Croquis 1: L'organisation spatiale de l'Europe rhénane
Croquis 2: La Russie : un territoire peuplé et inégalement mis en valeur

2009 : 

Epreuve majeure
Composition 1 : L'Asie orientale : une aire de puissance en expansion
Compos
ition 2 : L'organisation du territoire des Etats-Unis d'Amérique
Étude de documents :
 L'espace mondial : une inégale intégration dans la mondialisation
Epreuve mineure
Croquis 1: La présidence de de Gaulle vue par Kissinger
Croquis 2: extrait du communiqué de la conférence de Brioni (1956)




2008
Epreuve majeure
Composition 1 : La Guerre froide 1947-1991
Composition 2 : La France dans le monde 1945 à nos jours
Étude de documents : Démocraties populaires et révolutions (1948-1989)
Epreuve mineure
Croquis 1: Des Nords, des suds
Croquis 2: La Russie : peuplement et mise en valeur

2007

Epreuve majeure
Composition 1 : La superpuissance des Etats-Unis
Composition 2 : La Russie ; un territoire en recomposition
Étude de documents : Les espaces moteurs de la mondialisation
Epreuve mineure
Croquis 1: L'investiture de de Gaulle (1er juin 1958)
Croquis 2: extrait d'un texte de Georges Bidault sur le plan Marshall





Plus de sujets et des indications de corrigés sur le site d'Arnaud Léonard : 

samedi 17 septembre 2011

La Révolution industrielle au XIXe siècle, Révisions

Claude Monet, la gare Saint Lazare, 1877
Des exercices de révision sur la Révolution industrielle, pour ceux qui ont le sentiment - parfois justifié au regard des premières copies lues ! - de manquer de bases... Comme le nouveau programme de 1ère pose pour acquis une BONNE connaissance des notions vues au collège, mieux vaut vérifier que tel est le cas, au risque de se laisser déborder. Donc, ci-dessous, le lien vers deux exercices proposés sur le site Magnard, à destination ( ne vous vexez pas! ) des élèves de Quatrième.


http://www.magnard.fr/ressources/9782210108165/hg4_qcm43/SCO_hg4_qcm43/player.swf
http://www.magnard.fr/ressources/9782210108165/hg4_dra74/SCO_hg4_dra74/player.swf

Sources :
site Magnard collège.

vendredi 16 septembre 2011

L'Allemagne en 1949, toile de fond d'un roman policier



L'écrivain écossais Philip kerr a créé le personnage de Bernie Gunther dans La trilogie berlinoise ( qui regroupe trois romans publiés dans les années 1989-1991 : L'été de cristal, la pâle figure et Un requiem allemand). Bernie Gunther est alors un policier de Berlin, membre de la SS, qui fait le choix de devenir détective privé. Dans le Berlin des années 30, les personnes disparues ne manquent pas. Les enquêtes du détective évoquent l'ambiance du Troisième Reich, les rues "nettoyées" pour offrir une image idyllique aux visiteurs des Jeux Olympiques de 1936. 
Suite de la trilogie berlinoiseLa mort, entre autres, se situe dans l'après-guerre, en 1949, entre Munich, Vienne et Garmisch-Partenkirchen. L'Allemagne est occupée et devient le théâtre privilégié de l'affrontement qui oppose les anciens Alliés, américains et soviétiques, dans le cadre de la Guerre froide. Comme dans ses romans précédents, Philip Kerr mêle la fiction et les personnages historiques ( ici, Adolf Eichmann). 
A la demande d'une cliente, le détective part à la recherche de son époux, un nazi recherché pour crimes contre l'humanité. L'enquête - absolument fictive -, pleine de rebondissements, permet d'interroger l'attitude des puissances occupantes dans l'ex-Reich, et particulièrement la manière dont a été conduite - ou non - la dénazification. Le roman évoque en effet la fuite des nazis vers l'Amérique latine, les soutiens qu'ils ont pu trouver auprès de l'Eglise, des Alliés, des réseaux occultes d'anciens nazis. Il pose aussi la question du regard porté par les anciens bourreaux sur leurs crimes. 
La mort, entre autres, est un excellent roman policier. Et, sous couvert de roman policier, il offre un tableau documenté et sensible de l'après-guerre en Allemagne. Enfin, il pose des questions essentielles : quel(s) rapport(s) celui qui a vécu l'Allemagne nazie entretient-il avec son passé? Quelle part pour la morale, pour le droit, lorsque la logique politique prime? Ces questions de la mémoire, de la dignité, de la conscience, innervent tout le roman,avec une finesse qu'explique peut-être l'itinéraire de l'auteur, ancien avocat passionné de philosophie. 


Pour aller plus loin :  
Le Magazine Littéraire : l'actualité des livres, des critiques et des écrivains

La guerre en couleurs : le 8 mai 1945

A voir, sur la chaîne Histoire. rediffusion les 9 octobre à 18h55 et 12 octobre 2011 à 23h15

La guerre en couleurs : le 8 mai 1945

Le Mexique et l'engrenage de la violence



Des supporters tentant de se protéger lors de la fusillade de Torréon, 20 août 2011
Au Mexique, la violence rythme l'actualité : attentat au casino de Monterrey, fusillade entre police et criminels présumés, en plein match de football  à Torreon...
  • Des cartels extrêmement puissants
Cette violence est largement liée à la puissance de familles (les cartels) qui dominent l'économie illégale : celle de la drogue, du trafic des armes, du trafic de clandestins, de la prostitution... Ces grandes familles cherchent à étendre le territoire qu'elles dominent, ce qui donne lieu à une guerre des gangs, dont le bilan est très lourd. Mais les morts ne sont pas seulement des membres des organisations rivales. La société mexicaine toute entière est concernée par l'activité des gangs : enlèvements (suivis de demandes de rançons), assassinats, fusillades... En 2010, 72 cadavres de clandestins - parmi lesquels ceux de 14 femmes - originaires d'Amérique centrale et du sud, ont été retrouvés dans une ferme du nord-est du Mexique : ils avaient été abattus pour avoir refusé de se mettre au service du gang (la famille des Zetas) chargé de leur faire passer la frontière américaine.
La carte ci-dessus met en évidence la particularité du territoire mexicain, véritable passerelle entre le monde de la production de la drogue ( les états latino-américains : Colombie, Venezuela, pour les produits bruts, mais aussi la Chine, pour l'éphédrine - ou ecstazy), et celui de sa consommation, les Etats-Unis surtout. Ce trafic est ainsi un révélateur des disparités Nord/Sud, dans lequel le Mexique fait figure de porte d'entrée sur le riche territoire nord-américain, comme le montrent les flux - toutes drogues confondues - qui se pressent sur la frontière des Etats-Unis.
  • Depuis 2006, le gouvernement mexicain est en guerre contre les barons de la drogue
Depuis 2006, le président de la République mexicaine, Felipe Calderon, a lancé, avec le soutien des Etats-Unis, une guerre contre les formations mafieuses, qui implique la police mais aussi l'armée mexicaines. Son bilan chiffré reflète l'emprise de l'économie de la drogue sur le territoire mexicain :
Selon le ministère de la défense, les milliers de soldats déployés pour traquer les narcotrafiquants ont saisi environ 180 millions de dollars en liquide et un arsenal de quelque 96.000 armes à feu. La même source a ajouté que l’armée mexicaine a également démantelé plus de 560 laboratoires clandestins de fabrication de drogues synthétiques et confisqué plus de 35.000 véhicules, 510 avions et 182 bateaux, utilisés dans le transport des stupéfiants.Toutes ces actions, ont permis ”d’affecter la structure logistique et financière” des principaux groupes de trafic de drogue et du crime organisé, d’autant qu’une douzaine de leurs chefs de premier ordre ont été tués ou arrêtés.Ce bilan impressionnant est rendu public pour la première fois par le ministère de la défense dans l’objectif de montrer l’ampleur du trafic de drogue dans le pays et la lutte que mène le Mexique pour l’éradiquer, depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuelle administration en décembre 2006.A noter que ce bilan porte uniquement sur les opérations réalisées par l’armée de terre et les forces aériennes. La Marine mexicaine, qui est un corps indépendant, et la police fédérale participent, elles aussi, de manière active aux opérations de lutte contre le narcotrafic.Source – Ministère de la défense ( Le Grand Journal, 8/09/2011) 
Une douzaine de chefs des organisations mafieuses éliminés, une organisation atteinte dans ses structures ( laboratoires démantelés) et des ses profits... Le bilan est conséquent. Pourtant, des voix s'élèvent au Mexique pour en dénoncer les failles. Ainsi de cet article paru dans Proceso, signé José Gil Olmos (daté du 6/09/2011, repris dans Courrier International) :

"(...) Le Mexique a franchi un seuil dans l'escalade de la violence. Preuve, une fois plus, que la guerre contre la criminalité organisée déclarée par le président Felipe Calderón est un échec, et que l'armée et la police sont largement débordées par les groupes mafieux. Mais, pour la société, l'un des plus grands dangers, dans ce climat d'aggravation de l'insécurité, est de constater à quel point elle est vulnérable. La peur, l'insécurité, la terreur et ce sentiment de vulnérabilité qui se sont abattus sur la population peuvent entraîner des effets très dangereux comme l'immobilisme et le désespoir social.
Cette paralysie et cette passivité pourraient être mises à profit non seulement par les cartels pour étendre leur empire de terreur, comme on le voit déjà dans plusieurs régions du pays, mais aussi par des mouvements politiques désireux d'établir un régime autoritaire, de type militaire et policier, afin de rétablir l'ordre sur le territoire national. En témoigne la décision prise par Calderón, juste après l'attentat au casino Royale de Monterrey [qui a fait 53 morts], de demander au Congrès de l'Union d'adopter la loi de sécurité nationale, qui vise à accroître les moyens d'intervention des forces armées. La tentation de la force, de l'autoritarisme, par opposition à l'intelligence, voilà ce qu'il y a derrière ce projet de loi qui donnera au président toute latitude pour envoyer l'armée quand il jugera qu'une situation d'urgence nationale l'exige, et plus seulement en cas de catastrophe naturelle.
Tant les mafieux que les partisans de l'autoritarisme ont tout intérêt à avoir une société engourdie, craintive, terrorisée. Une telle société est une proie facile pour n'importe quel groupe violent ou autoritaire qui ne raisonne pas, mais exerce la violence pour obtenir ce qu'il veut : davantage de contrôle social et territorial. C'est dire l'importance des manifestations qui ont eu lieu à Monterrey, où la population n'est pourtant pas encline à se mobiliser. A l'heure où le désespoir et la peur progressent, ces mobilisations, ainsi que la présence des organisations sociales, sont les seuls moyens d'expression dont dispose la société pour faire reculer la violence. S'il n'y a pas de mobilisation sociale, si nos concitoyens sont gagnés par le conformisme et l'apathie, la terreur et la violence ne feront que s'accroître dans les mois qui viennent et la présidentielle de 2012 ne servira à rien, car, dans les faits, ce sont les groupes criminels qui gouverneront".
Version intégrale de cet article en espagnol :
http://www.proceso.com.mx/?p=280111


Sources : 
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2010/08/25/007-charnier-mexique-survivant.shtml
Le grand journal, le quotidien des Francophones du Mexique, http://www.legrandjournal.com.mx/category/actu-mexique, 
Courrier International, mardi 6 septembre 2011, A la Une : Amériques

jeudi 15 septembre 2011

La conférence de Yalta (1)


Cette petite video a le mérite d'aller à l'essentiel : Quand? Qui? Quels objectifs? quelles décisions? 
Ce sont les mêmes questions qui doivent être posées pour toutes les conférences qui sont étudiées au programme de Terminale ( Postdam, San Francisco, pour ne citer que celles qui marquent l'année 1945). 

vendredi 9 septembre 2011

1945, un tournant

L'année 1945 marque un tournant dans le siècle. C'est la fin de la Seconde Guerre mondiale, dont le bilan est tellement lourd qu'il génère autant l'espoir : espoir d'un monde nouveau, fondé sur la démocratie, l'égalité entre les peuples, la justice, le respect de la personne humaine... que la crainte : comment panser les plaies laissées par le conflit?
C'est ce qu'expriment de nombreuses affiches et caricatures.
L'heure est à la célébration de la victoire, et c'est elle que met en avant cette affiche soviétique : "La bête est morte". L'Allemagne y est représentée sous les traits d'un animal sanguinaire, une bête féroce enfin tombée sous les coups conjugués ( plusieurs couteaux la poignardent ) des puissances alliées, symbolisées par leurs drapeaux : le drapeau britannique, le drapeau américain, le drapeau soviétique. 
La composition de cette affiche donne le sentiment que la Grande Alliance (Etats-Unis, Grande Bretagne, URSS), qui a terrassé le cauchemar hitlérien - représenté tant par la bête féroce que par les ruines -, peut seule tracer la voie vers l'avenir. 
Affiche éditée en 1945 pour la création de l'ONU







L'idée d'une union nécessaire à la préservation de la paix porte aussi les affiches célébrant la création de l'Organisation des Nations-Unies. Sur cette affiche éditée en 1945, l'union des peuples est représentée par les mains de couleurs différentes comme par l'ensemble des drapeaux des 51 pays fondateurs. Cette union est le creuset qui permettra la naissance d'un monde nouveau : l'enfant, qui réconcilie tous les peuples du monde, symbolise la paix.

Dessin américain de D.R. Fitzpatrick, 1945
Espoir, la paix est aussi nécessité. La victoire n'a de sens que si elle permet la création d'un monde meilleur. C'est ce que rappelle un dessin de D.R.Fitzpatrick relatif à l'ONU. Ici, l'accent est davantage mis sur le sacrifice enduré : l'ombre portée des combattants morts pèse sur le présent. La nouvelle organisation représente l'espoir fragile ( c'est un esquif en pleine mer) que le sacrifice n'aura pas été vain. La comparaison entre les deux documents est saisissante : la première - dont la composition oppose nuit et lumière, néant et renaissance - est toute en verticalité, en élévation. Le monde nouveau est en gestation. Dans la seconde par contre, ce monde nouveau - désincarné - subit le poids de la guerre. Les hommes représentés sont morts. Ce sont eux dont le souvenir exige un renouveau. 


Cette ambivalence de 1945 est reprise dans cette caricature allemande (dessin de Leffe). Elle évoque un nécessaire passage de relais entre le vieux monde blessé par le conflit et le monde à venir. La frontière entre les deux mondes est nette : elle est marquée d'un panneau "PAX". 
Mais le passage de relais est empoisonné par la nature de celui-ci : sur le relaisporté par "l'homme de 1945" est inscrit : "AtomEnergie". Le message est clair. Le principal fardeau sera celui de l'arme nucléaire, que les Etats-Unis sont alors seuls à détenir, et dont l'usage - à Hiroshima puis Nagasaki en août 1945- a provoqué un choc des consciences. 
"La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l'utilisation intelligente des conquêtes scientifiques. (...)
Déjà, on ne respirait pas facilement dans un monde torturé. Voici qu'une angoisse nouvelle nous est proposée, qui a toutes les chances d'être définitive"
Camus, Combat, 8 août 1945

Composition : Le monde en 1945

Un sujet de composition : 


Le monde au lendemain de la Seconde Guerre mondiale- 1945 : bilan de la guerre et nouveaux rapports de forces.

Chronologie indicative :
7-8 mai 1945 Capitulation sans conditions du IIIe Reich.
                      Cinquante millions de « personnes déplacées » en Europe.
26 juin           Conférence de San Francisco : fondation des Nations Unies
juillet             Conférence de Postdam. Découpage des zones d’occupation en Allemagne
6-9 août         Bombes atomiques sur le Japon
Août              reprise de la guerre civile en Chine
2 septembre   Capitulation du Japon
20 octobre     Ouverture du Procès de Nuremberg
Novembre     Premières élections en Europe.

La composition proposée porte sur le premier chapitre du programme vu en Terminale. Le sujet est classique. Il porte sur une seule année, c'est un sujet-tableau, et donc le plan attendu est forcément un plan thématique ( plusieurs thèmes sont successivement traités). Les connaissances à maîtriser appartiennent à un seul chapitre, il n'y a donc pas de difficulté liée au recoupement de chapitres ( comme c'est souvent le cas pour des sujets portant sur de longues périodes).
☛La difficulté vient de l'intitulé du sujet :
Premier risque : Les limites chronologiques sont nettement données ( on sait d'emblée qu'il ne faut pas traiter l'avant-1945 et par ailleurs qu'il faut se garder de déborder - en évoquant par exemple la période 1945-1947). Ici, le sujet suggère - par la mention des premières élections en Europe en 1945 - que l'on souhaite voir évoqué le basculement possible vers la Guerre froide, mais il ne faut pas le traiter en tant que tel.
Deuxième risque : après l'énoncé du coeur du sujet ( Le monde au lendemain de la Seconde Guerre mondiale-1945), l'intitulé cherche à le préciser ( ce qui part d'une bonne intention, puisque ce sujet est très vaste!). Mais ce faisant, il mentionne deux aspects  (bilan de la guerre / nouveaux rapports de force ) qui ne devraient pas être dissociés. En effet, le mot ET ne doit pas être oublié. Il invite à RELIER les deux aspects. Le second écueil consisterait à les traiter l'un après l'autre ( I. Le bilan de la guerre, II. De nouveaux rapports de force). Puisque le mot invite à une mise en relation, il faut s'y tenir et ce n'est pas forcément évident. Par contre, une bonne lecture de l'énoncé permet de trouver rapidement la problématique suggérée : En quoi le bilan de la guerre est-il porteur de nouveaux rapports de force?
La difficulté vient aussi de la chronologie.  
Une chronologie donne le sentiment au candidat qu'elle va permettre de pallier ses éventuelles défaillances de mémoire. C'est vrai et faux à la fois. 
Vrai, parce que les chronologies proposées ne comportent pas d'erreur ( en tous cas intentionnelle). Donc, la chronologie permet de remettre en mémoire, et sa lecture attentive aide à préciser les thèmes. Par exemple, la mention de la bombe atomique signale l'importance du bilan humain mais aussi moral du conflit. Elle invite aussi le candidat à penser au fait que les Etats-Unis sont alors en situation de monopole nucléaire. 
Mais c'est aussi faux puisque la chronologie n'est pas exhaustive : certains événements majeurs ne sont pas mentionnés. Ici, le plus marquant est l'absence de la conférence de Yalta. Le candidat qui s'appuie sur la chronologie - au pire, en énumérant les événements qu'elle contient sans rien expliquer et de manière énumérative - sans mobiliser des connaissances personnelles  est rapidement repéré... Donc, la chronologie est une aide à la construction du plan, en aucun cas elle ne remplace la bonne maîtrise du cours! Elle est seulement indicative. 
Ce qui précède démontre que la réflexion sur le sujet est essentielle.
Passage de relais entre l'année 1945 et l'année 1946
Caricature allemande de Leffe
Analyser le sujet proposé conduit à proposer le plan suivant ( ✓il n'y a évidemment pas qu'un seul plan possible), qui conviendrait pour tout sujet portant sur l'année 1945, à l'échelle mondiale, et invitant à mettre en parallèle le bilan du conflit et les rééquilibrages et espoirs qu'il autorise ( EX : 1945 : Bilan de la guerre et mise en place d'un nouvel ordre mondial) :
I. Ruines et réorganisation économique
1. Un bilan économique contrasté
2. Quel nouvel ordre économique?
II. Bilan humain et changement de valeurs
1. L'Europe compte ses morts
2. La guerre, un combat idéologique : la victoire doit avoir un sens
3. Le jugement des responsables
III. Nouveau monde et rééquilibrage des puissances
1. Deux super-puissances
2. Une Europe sous influence
3. L'ONU et le rêve d'un monde nouveau
Comme les titres de chacune des parties le montrent, ce plan prend en compte le ET de l'intitulé, et le décline dans chacune des parties, lesquelles sont centrées chacune sur un thème précis : la dimension économique ( placée en premier car c'est sans doute celle sur laquelle il y aura le moins de choses à dire), la dimension humaine, puis la dimension géopolitique, laquelle, évoquée en dernier, permet d'évoquer le glissement vers la Guerre froide.