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Au fil des questions au programme d'histoire-géographie des classes de lycée. Des commentaires, exercices, rappels, ...

lundi 27 août 2012

Lecture historique du patrimoine : les arènes de Lutèce


Le complexe hybride que furent les arènes de Lutèce sous l'Antiquité (scène pour les représentations théâtrales, arène pour les combats de gladiateurs et autres jeux) est désormais un lieu de visite, mais aussi un lieu de détente pour les promeneurs parisiens ou étrangers. 
La mise à nu de cette trace du passé de la ville a, comme c'est souvent le cas, été fortuite. Ce sont en effet les travaux de percement de rues effectués sous l'égide d'Haussmann ( ici, le percement de la rue Monge) qui autorisent la découverte d'une partie de l'ancien amphithéâtre dans les années 1860, une seconde partie étant mise à nu 20 ans plus tard. 
La question de savoir ce qui doit advenir de cet héritage du passé se pose alors : destruction? conservation? 
Membre de la société des Amis des arènes, Victor Hugo va être le plus ardent défenseur de cette seconde solution. Pourquoi conserver les arènes? Parce qu'elles témoignent de l'ancienneté de la ville et de sa puissance, et, en tant que telles,  contribuent à justifier sa puissance actuelle. 
Monsieur le Président, Il n’est pas possible que Paris, la ville de l’avenir, renonce à la preuve vivante qu’elle a été la ville du passé. Le passé amène l’avenir. Les arènes sont l’antique marque de la grande ville. Elles sont un monument unique. Le conseil municipal qui les détruirait se détruirait en quelque sorte lui-même. Conservez les arènes de Lutèce. Conservez-les à tout prix. Vous ferez une action utile, et, ce qui vaut mieux, vous donnerez un grand exemple. Je vous serre les mains, 
Lettre de Victor Hugo au président du conseil municipal de la Ville de Paris, 27 juillet 1883
La bataille de la conservation a donc été emportée, puisque les arènes, acquises par le conseil municipal, sont devenues monument historique.
Plus généralement, l'intérêt porté par les hommes du XIXe siècle au passé - ici, le passé antique, mais aussi le passé monarchique - témoigne d'un rapport au passé profondément modifié par la Révolution française. Avec elle, la notion de patrimoine prend réellement sens. Si le regard est tourné vers l'avenir - " Paris, la ville de l'avenir"  -, le rapport au passé gagne en importance, car il est le gage d'un futur prometteur. C'est l'une des raisons pour lesquelles les traces du passé doivent être conservées.

La plaque apposée en 1951 sur le site des arènes - "à l'occasion du bi-millénaire de Paris", la conquête romaine étant considérée comme l'élément fondateur de la Cité - témoigne d'une vision similaire dans laquelle passé, présent et avenir sont intimement liés. " Passant, songe... " : la prise à partie du passant n'est pas sans évoquer les accents que prendra, une génération plus tard, l'appel au devoir de mémoire. La proximité de la fin du second conflit mondial  n'est évidemment pas étrangère ici à la nostalgie qui se dégage de l'évocation de la grandeur passée, comme au lyrisme contenu dans le terme "tes espoirs".

Source des photos :
wikipedia.

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